L'avis de recherche me regarde !

En quelques mots :  Tête en l'air - Je-m'en-foutiste - Vulgaire - Débrouillard - Solitaire - Taciturne - Renfermé - Maladroit avec la gente féminine - Loyal - Lunaire - Etonnement cultivé  - Intuitif - Touche-à-tout - Autodidacte

J'aimerais beaucoup pouvoir vous dire que son côté négligé est savamment travaillé, qu'il passe une heure à donner un effet décoiffé à ses cheveux et que les trous dans ses jeans étaient déjà là quand il les a acheté. Je pourrai encore tenter de lui racheter de la décence en titillant votre pitié et invoquer un manque de moyens financiers pour expliquer la couleur délavée de ses tee-shirts. Tout plutôt que cette vérité tragique : Elias n'en a rien à foutre.
Rien à foutre d'à quoi il peut bien ressembler.
Rien à carrer de l'opinion qu'on peut se faire de lui.
Rien à branler du politiquement correct.

Plus encore, agacer sa mère si parfaitement élégante et se distinguer de cette harpie a quelque chose de réconfortant. Une forme de rébellion passive agressive qu'il arrive encore à se permettre sans se manger un retour de bâton. Heureusement pour lui qu'il n'est pas vilain, ça compense un peu son laisser-aller. Le bleu-vert de son regard a sans doute quelque chose à voir là-dedans. Avec sa barbe hirsute et ses cheveux attachés, Elias essaie tant qu'il peut de passer inaperçu pour qu'on ne l'emmerde pas. Du haut de son mètre soixante-treize pour 68 kilos, il n'impose pas spécialement le respect. Ne vous y fiez pas, il est parfaitement capable de se défendre et en a déjà étalé des plus lourds que lui. Quand il se bat ou qu'il doit rappeler à l'ordre les clients de Joséphine, sa colère si bien muselée prends le dessus en lui faisant oublier toute commune mesure. Il peut prétendre qu'il déteste jouer les gros bras, au fond, cette activité relève de l'exutoire.

Elias s'est toujours senti différent et n'a jamais su trouver sa place. Garçonnet hyper sensible, imaginatif et avide d'apprendre, il dévorait les livres, se gavait de connaissances. Son intérêt virevoltait d'un sujet à l'autre sans jamais être pleinement rassasié, allant de l'apprentissage du solfège à l'étude la langue elfique selon Tolkien. Il approfondissait plus ou moins les thématiques - souvent moins que plus -, guidé par les impulsions de son esprit éclectique. Il picorait un peu partout où ça lui chantait, quitte à oublier trois jours après ce qu'il avait appris. Encore aujourd'hui, il lui arrive d'avoir des résurgences inattendues de ce palimpseste de savoirs sans queue ni tête. Autant vous dire que balancer une référence à un obscure écrivain européen du moyen-âge entre le fromage et le dessert, ça vous fait plutôt passer pour un illuminé qu'un puits de culture.

Ce caractère lunaire est très probablement la cause principale de ses difficultés relationnelles. Vraiment, les êtres humains ne le passionnent pas. La majorité d'entre eux est d'un ennui mortel. Sans compter qu'à l'instar de sa mère, ils sont souvent source de déception et de complications. Sa sensibilité ayant été longtemps une cause de raillerie, il l'a enfoui au plus profond de lui-même. Puis, il l'a bâillonné. Il l'a ligoté, y a accroché une très, très très, lourde pierre et l'a, finalement, balancé dans le bayou pour ne plus jamais ressentir quoi que ce soit. C'est plus facile de détourner les yeux que de creuser la surface.

Le tyran Joséphine Lioncourt a si bien planté ses griffes dans la chair de son second fils que, même en la haïssant férocement, il cherche, au fond, toujours à lui plaire et à gagner son affection. Heureusement pour sa santé mentale, Elias a développé, dès son adolescence, tout un arsenal de défense. Il est aussi vulgaire qu'elle est sophistiqué. Aussi solitaire qu'elle a besoin d'être entourée. Aussi je-m'en-foutiste qu'elle a besoin de contrôle. Puisqu'il est contraint par la force des choses à lui appartenir, il se révolte à sa façon. Parce qu'il en crève d'envie, Elias, de se barrer loin de cette propriété à la con. Il en rêverait s'il n'avait pas conscience que c'est vain. Il est, en quelque sorte, son prisonnier. Construire une famille ou s'engager dans une relation devient naturellement inconcevable au vu de la situation, même si l'envie lui en prenait.

Alors... il fait ce qu'il faut pour garder un semblant de liberté, même si elle n'est que factice. Il répare les chiottes, passe la tondeuse, repeint les murs, casse quelques nez à l'occasion, balance des cadavres à Alfonso le croco si c'est nécessaire. Heureusement, grâce à sa moralité à géométrie variable, il n'a aucun mal à se regarder dans une glace. Il n'est pas profondément malheureux. Il n'est pas non plus heureux. Pour rendre le tout plus supportable, il va boire un verre, écouter les groupes locaux, payer une fille pour un soir, jouer du saxo, fumer un joint. À l'occasion, si le besoin d'évacuer la pression se fait sentir, il se pointe au fight club de son frère. Se pointait, en fait..

Oui. Parce que comme si c'était pas suffisamment le bordel dans la vie, le Black Out a rajouté sa propre nuance d'emmerde. Elias peinait déjà à s'octroyer un semblant de liberté, maintenant, il a l'impression de perdre ce qu'il a de plus précieux : sa tête. Ses souvenirs se mélangent à ceux des autres si bien qu'il n'est plus bien sûr des limites entre lui et les autres. Il est paumé, complètement paumé. Alors il fait ce qu'il fait de mieux : vivre au jour le jour en enterrant les problèmes, quitte à claquer tout son fric dans la drogue et vivre quasiment en ermite. Il ne lui reste presque que ça.