Joséphine Lioncourt - Don't pretend you never heard my name.

Même si le pouvoir peut sembler un peu limité à l'esprit peu averti, Joséphine a très vite su tirer parti de ce nouvel atout dans son jeu déjà ma foi rondement fourni. Warlock de l'eau avertie et peut être même un peu trop, elle n'a pas mis bien longtemps à lier l'élément à autre chose qu'aux informations couvertes par les chaînes météo. Si le feu doit se créer, l'eau comme l'air sont partout. Si elle avait été de l'air, elle aurait certainement coupé le souffle à plus d'un détracteur, littéralement. Mais heureusement pour le monde et la sécurité de l'avenir, elle ne peut que contrôler l'eau sous toutes ses formes. Gelée, vaporeuse, et surtout contenue dans le fluide vital qui a alimenté les contes et légendes les plus fous durant des siècles. (Amen) N'ayant pour ce liquide que le respect Vaudou, elle ne voit pas de problème particulier au fait de se servir de ce petit bonus pour obtenir des faveurs ou s'assurer que les malédictions arrivent bel et bien à bon port. "Il faut savoir se servir des cadeaux que la vie nous fait", n'hésite-t'elle pas à marteler, que ce soit aux visiteurs curieux ou aux clients fidèles. Et s'il y a une chose qu'elle sait particulièrement bien faire, c'est utiliser au maximum tout ce qui peut bien lui tomber sous la main. Si son pouvoir de maîtrise de l'eau lui permet de priver certaines parties du corps humain (ou animal) de leur sang en empêchant les globules de se rendre là où ils le désirent, elle n'hésitera pas. Elle sait que c'est aussi douloureux pendant qu'après ("les fourmis") et que ça peut être léthal dans la mesure où un cerveau ou un coeur non irrigué mène souvent à la catastrophe. Et autant que ça la concerne, qu'elle ait d'autres capacités où non que celle la lui serait complètement égal, c'est bien assez amusant et utile pour ses petites affaires.  Pour ce qui est des limites, Joséphine ne quitte jamais la maison sans un brumisateur et une fiole de parfum contenant en réalité de l'eau de pluie. Elle aime à raconter des histoires concernant ces deux objets pour les plus curieux ou ceux qui auraient par inadvertance jeté un regard dans son sac à main -ces derniers sont rares à pouvoir encore en parler - mais ne s'en séparerait pour rien au monde. Même si elle pourrait certainement se passer de contact pendant toute une après-midi, son besoin de contrôle rend presque maladif le besoin d'avoir ces deux objets sous la main. De plus, elle refuse de toucher l'eau de n'importe qui ou qui émane de n'importe où. Non que ça soit particulièrement sale, mais c'est très certainement plein de bactéries ou de choses dans le genre. Elevée à domicile, elle avait très vite assimilé l'idée que le danger venait de l'extérieur. Le seul endroit parfaitement sécurisé étant la propriété.

Joséphine a de quoi être fière. Sa mère serait fière d'ailleurs, et les quelques génération de femmes fortes et surtout puissantes qui l'ont précédée. Elle a tout pour elle, de l'argent à la descendance. Peu de personnes peuvent se vanter d'avoir tant réussi sans pour autant être catégorisée en "femme de". Et pourtant, du haut de son mètre soixante sans talons aiguille, Joséphine a conservé un empire à sa manière tout en s'assurant de la loyauté de sa descendance. La majorité du moins. Mais si elle peut s'enorgueillir d'avoir donné naissance à de magnifiques rejetons, elle maudit chaque jour son reflet de ne pas avoir réussi à lui donner une fille. "J'ai à ma manière un problème de souverain" -Aime-t'elle à ironiser. Ce qu'elle fait d'ailleurs énormément, lorsqu'elle n'est pas en train de manigancer ou de s'emporter contre tout ce qui se met en travers de son chemin. Elle a essayé de suivre des cours de bouddhisme par correspondance, mais l'essai n'a duré que trois semaines et le pauvre instructeur s'était bien rapidement trouvé tout entier rhabillé pour l'hiver.

Les cours  par correspondance ou à domicile, elle y était habituée pourtant, élevée à la maison par des tuteurs spécialement dépéchés pour cela, elle n'avait jamais connu les joies des cours d'école et en était d'ailleurs bien soulagée. Maintenant qu'elle avait grandi et appris à amener esprits et coeur dans la direction qui lui plaisait, il lui arrivait parfois de se demander si elle aurait vraiment pu survivre à quelques années de vulnérabilité émotionnelle en communauté. Certainement que non. Mais être souvent à la maison ne l'avait pas empêchée de voir son premier mariage célébré en grande pompe. Elle avait de la chance, il était charmant et ma foi fort bien éduqué. Son seul tord était certainement de vouloir maintenir la tradition de la chasse à courre. Le destin étant plutôt taquin, il n'eût pas l'occasion de voir beaucoup plus que le quatrième anniversaire de son fils. Elle ne revient que très rarement sur cet évènement tragique. On ne parle pas du chagrin causé par un premier amour, ça réveille les fantômes de bien plus qu'un Noël passé. Car oui, encore une fois elle eût la chance d'en être aimée autant qu'elle l'aimait. Mais comme disait sa mère avec une compassion toute feinte : "Tout ce qui t'endurcit te rend meilleure !"

Et la vie saisit l'occasion de la rendre bien meilleure encore. Elle compte à son actif un second mariage malheureux. La réputation de sa famille, richesse mise à part, lui prêtant déjà les pires intentions du monde, le bruit courut assez vite qu'elle les avait certainement assassinés. Et si cette image de veuve noire ravissait sa mère, Joséphine, qui rêvait encore d'être acceptée pour qui elle était et non qui elle se devait d'être dut mettre de côté ces rêves aussi. Ce fut un travail de titan à pas de fourmi. Et bien entendu d'autres eurent à en faire les frais. N'ayant personne pour se confier, et de moins en moins d'intérêt à le faire, ses colères devinrent de plus en plus impressionnantes, et à défaut d'être aimée, elle décida alors de donner à tout le monde de bonnes raisons d'être crainte. Elle n'est pas dépourvue de sentiments, bien entendu que non, mais l'expérience et les années lui ont donné de bien bonnes excuses et elle n'hésite plus l'ombre d'une seconde à s'en servir, si c'est pour la bonne cause de surcroit.

Mais si Joséphine sait se montrer aussi cynique, c'est également en partie du à l'ironie qui semble avoir main prise sur sa vie. On ne peut pas tout avoir, et ce malgré tout ce qu'on peut mettre en oeuvre pour essayer de contrer le destin. Elle avait la richesse, le pouvoir, certaines capacités déjà bien au deça du commun des mortels, et le Blackout, bien qu'un peu étrange à vivre avait réveillé chez elle des compétences qui auraient fait pâlir d'envie toutes ces générations de femmes fortes qui la précédaient. Les dégâts matériels n'étaient que les débris nécessaire à la construction de quelque chose de plus grand, et alors que comme tout le monde elle avait été sonnée et privée d'électricité, la propriété était assez éloignée et ses finances assez élevées pour avoir repris du poil de la bête assez rapidement. C'était une libération, comme une seconde naissance dont elle n'allait pas se laisser priver. Sa seule véritable déception, son seul véritable regret, et la raison de cet amour haine avec son dernier né, était justement qu'il était un il. Elle aurait pu, si ça n'avait pas été un problème bien plus profond, lui faire prendre des manières de fille, mais le Vaudou ne se passe dans cette famille que de fille en fille. Et malgré son amour de mère, quand elle regarde Tybalt, c'est cet échec qu'elle ne peut pas s'empêcher de voir. Mais qu'à cela ne tienne, s'il est sa plus grande déception, elle le forcera à devenir une cause de fierté. Avec, mais surtout contre son gré.

Pour ce qui est du blackout.Il s'est produit, à la Nouvelle-Orléans, à 9h du matin le 3 septembre 2018. Elle ne se se souvient de la date que parce que c'était partout dans les journaux, et à la télévision dès que l'électricité à été remise en état et que la vie a commencé àreprendre son cours. Ce n'est qu'après le 15 que tout a été éclairci. Jusque là personne ne savait vraiment ce qui venait de se passer. Il y avait toutes les versions, les officielles, les officieuses, les complotistes et les gouvernementales. De quoi rendre fou ceux qui ne l'étaient pas déjà. Riches ou pauvres, malades ou sains, personne n'y a échappé. Plus de courant, plus de conscience, et le chaos. Le vide, la fin, le noir complet. Enfin, autant que faire se peut à neuf heures.Elle est revenue assez rapidement à elle au vu de son background familial assez impressionnant mais fut assez surprise de voir autant de fumées dans le ciel. Il s'était passé quelque chose. Pas moyen d'avoir une tonalité au bout du fil, pas de réseau. Pas moyen de savoir. Un regard à la fenêtre assura que les dégats étaient existants mais pas insurmontables. Ce qui se passait? Aucune idée. Second regard, le miroir. Pas une ride de plus ni un cheveu blanc, parfait. Les trois heures les plus longues de sa vie. Les incendies ne semblaient pas s'éteindre et personne n'était en état. La propriété elle même ressemblait à une fin de nouvel an en centre ville. Certaines avaient vomi, d'autres étaient en train de le faire. Quelque chose s'était passé et tout le monde était concerné. C'était une très bonne occasion de reprendre les choses en main. Le fait d'être un peu excentrée et dans une propriété dont l'accès était restreint leur avait évité pas mal de soucis supplémentaires. Le choc en soi était déjà bien assez éprouvant physiquement. Dans sa chute, un bleu qu'elle n'avait pas vu au premier coup d'oeil s'était formé. Elle soupira devant le désolant, et dégoûtant spectacle de la peau bleue sur son teint diaphane. Elle soupira prodonfément et se demanda ce qu'elle avait bien pu faire à Mawu pour devoir supporter tout ça dans une seule existence. Elle se concentra sur la zone et essaya de la masser avant de réaliser que la tâche bleue perdit en intensité avant de disparaître. Elle haussa un sourcil. "Tiens donc" Ce n'est qu'après un peu de recherches et surtout d'expérimentations qu'elle découvrit que ce qui lui avait permis de faire ça était la maîtrise de l'eau. Elle s'empressa alors de demander si ses fils étaient concernés, plus de pouvoir à utiliser c'est plus d'opportunités. Pour redorer un peu l'image de sa famille, elle a bien entendu fait partie des généreux donateurs qui ont oeuvré à la reconstruction, et a fait en sorte que tout le monde soit au courant. Le reste serait une question de temps et de subtilité, mais elle avait au moins deux nouvelles cartes à jouer et une occasion en or de rallier plus de gens à sa cause. Le tout étant de ne pas prendre de mauvaises décisions. Mais pour ça, elle comptait sur l'aide de ses petites mains. Comme toujours. Et avec ce nouveau moyen de pression, presque littéral, le monde était à sa merci.