You took the purest part of me - T'

Ca y est, elle allait enfin pouvoir le voir. Elle ne savait pas comment elle pourrait remercier Christopher pour cette aide. Enfin, si, elle le savait très bien. Elle acceptait de travailler pour la MCA. Elle avait saisi l’opportunité de pouvoir à la fois revoir son frère et pouvoir le sortir de cette prison. Une part d’elle était un peu terrorisée à l’idée que son frère lui en veuille, pas forcément de le sortir de prison, mais pour la façon dont elle s’y prenait en acceptant de travailler pour le gouvernement. Sur le chemin la menant au pénitencier où était détenu Teddy, elle se sentait nerveuse. Elle ignorait dans quel état elle allait retrouver T’ et elle était encore très perturbée par la visite de Christopher vingt-quatre heure auparavant.
Mais jusqu’à présent, il tenait parole et bientôt, se serait à elle d’en faire autant. Travailler pour le gouvernement, c’était un avenir auquel elle ne s’attendait pas et elle ne savait toujours pas quoi en penser, l’avantage, c’est qu’elle serait probablement rattachée directement à Christopher au vu de la nature de ses propres études.

La prison lui semblait plus bruyante qu’avant, alors qu’on enregistrait sa visite sur le carnet, elle pouvait sentir le regard de certains matons sur elle. Beaucoup ne supportaient pas sa présence en sentant leur pouvoir les quitter. Alors on se dépêcha de la placer dans une pièce à part. Elle ignorait où se trouvait son frère, mais elle était déjà rassurée d’être ici à attendre. Au moins, cela voulait dire qu’il était vivant. Et si elle ignorait où il était dans la prison, elle ignorait aussi la façon dont ils allèrent le chercher pour l’enchaîner à une table et l’enfermer dans une autre pièce avant qu’on ne vienne la chercher elle. Ce n’était pas dans les procédures normales, elle était habituée au parloir commun, à cette salle gigantesque avec les autres tables, les autres visiteurs, les autres détenus... Au lieu de quoi, on la fit se promener dans d’autres couloirs jusqu’à lui désigner une porter.

"Il est là-dedans" lui avait-on dit. Personne ne l’accompagnait ?

Personne ne voulait l’accompagner, elle qui inhibait les pouvoirs et rendait les gens autour d’elle faible et vulnérable. Elle ne chercha pas à en savoir plus, à obtenir plus de réponses. Elle n'avait pas d’autre choix, si elle voulait voir son frère, elle devait entrer. Elle s’élança donc, ouvrit la porte et fut immédiatement soulagée de voir le visage de T’.

"T'..."

Murmura-t-elle comme si elle venait de retrouver son souffle après plusieurs semaines sans aucune nouvelle. Elle referma la porte derrière rapidement pour pouvoir s’élancer, faisant fi du règlement qui leur interdisait tout contact physique. S’ils voulaient leur interdire quoi que ce soit, ils n’avaient qu’à les accompagner et de toute façon, ils étaient probablement filmés. Serrant le corps de Theodore contre elle, une déferlante de sentiment contradictoire s’insinuait en elle. Elle avait eu tellement peur de le perdre et en même temps, n’aurait-ce pas été un soulagement dans sa vie s’il avait disparu ?

"Ca fait des semaines que j’essaie d’avoir de tes nouvelles..."

Des larmes lui montaient naturellement aux yeux face à ce trop-plein d’émotion. Gardant ce dernier dans ses bras, elle le serra si fort que cela aurait pu en devenir douloureux. Elle avait besoin de sentir que tout ceci était bien réel.

"J’ai eu tellement peur..."
"Pas de contact physique !"

Cela avait mis un peu de temps, mais une voix avait fini par se faire entendre dans les haut-parleurs qui ornait les coins de la pièce. Elle eut un sursaut, peu habituée, mais dû s’efforcer de s’éloigner de son grand frère. Elle essuya un peu ses yeux humides en le regardant. Plongeant ses yeux bleus dans leur homologue, ses lèvres tremblaient derrière son petit sourire discret.

"Tu vas bien ?"

Des jours, des semaines, qui sait... Ca faisait bien plus de temps qu'il croupissait en prison mais il ne s'était jusqu'alors jamais autant sentit enfermé et coupé du monde. Il aurait presque pu croire qu'on l'avait transporté ailleurs, quelque part d'isolé où on pourrait l'oublier s'il ne reconnaissait pas les murs des cellules d'isolement de la prison d'état et les petites inscriptions laissées par des co-détenus ou lui-même pendant leurs séjours précédent. Pourtant il y avait bien quelque chose qui était différent. Il n'entendait personne aller et venir dans les cellules adjacentes, même les matons semblaient avoir déserté leur poste et cette fois il ne savait pas pour combien de temps il aurait à rester comme ça. Ses seuls contacts se cantonaient à lorsqu'on lui apportait le repas. C'était la preuve qu'on ne voulait pas qu'il meure, pas tout de suite du moins, mais le silence auquel il faisait face à chaque fois ne faisait qu'empirer sa colère et son angoisse. Il tournait en rond comme un lion en cage, rongé par les sensations physiques désagréables sur son corps et lorsqu'il s'énervait trop, on finissait par le calmer à coup de grosse explosion dans la tronche. Il avait beau avoir cherché, il ne savait jamais d'où elles provenaient et ça le rendait plus fou encore.
Les explications s'étaient succédées dans sa tête et la plus probable finissait toujours par revenir. Un cinglé sadique s'amusait avec lui. Sûrement un de ces psychiatres fous cherchant à tester les effets d'un mauvais traitement sur la psyché et faute d'avoir des volontaires pour participé à ses experiences de tordus, on l'avait envoyé se servir en prison. Tout ça, les explosions, le silence, l'isolation, ça devait faire partie du test et qui sait quoi d'autre encore. Il fallait qu'il sorte de là. Il ne s'était pas laissé arrêté pour finir en rat de laboratoire. Il ne pouvait pas se permettre de devenir fou. Il devait encore veiller sur Lili.
Mais à chaque fois qu'il se triturait les méninges sur comment sortir de sa cellule, qu'il s'énervait un peu trop sur la porte ou contre les murs, sans faillir, on finissait toujours par l'exploser et le sonner.

Pourtant alors que Theodore ouvrit lentement les yeux, la tête lourde et la langue pâteuse, il ne se souvenait pas de la dernière explosion. Non, cette sensation... C'était plutôt comme la dernière fois. Comme s'il s'était évanoui ou comme si on l'avait drogué. La bouffe ! Cela lui revint dans un élan de colère. A force de se méfier des explosions il n'avait pas pensé que ces enfoirés en profiteraient pour glisser quelque chose dans sa bouffe. Et il comprit rapidement pourquoi.
Il avait les jambes enchainés à la chaise et les mains à la table, mais ce n'étaient pas des menottes classiques qui enfermaient ses mains. Ca ressemblait plutôt à une grosse caisse en acier aussi épais et lourd que celui de la porte de sa cellule. Une cellule dans laquelle il n'était plus. Au lieu de ça il était dans une pièce plus grande mais aussi plus vide à l'exception de la chaise où il se trouvait, la table et un autre chaise en face. Pas de lit, de toilettes ou de lavabo. C'était une salle d'interrogatoire. La prochaine étape du test.

- MAIS QU'EST-CE QUE VOUS ME VOULEZ BANDES D'ENFOIRES A LA FIN ?!

Il rugit en cognant ses étranges restrictions sur la table. Son regard bleu et fou de rage parcouru la pièce à la recherche d'un échappatoire. Il y avait bien une porte mais trop loin pour qu'il puisse l'atteindre en étant enchainé et probablement verrouillée.

- PUTAIN ! PUTAIN DE MERDE !

Il s'énerva en s'agitant violemment pour essayer de se défaire de ses chaines mais ne parvint qu'à se fatiguer. Il avait soif, et bien qu'il croyait en avoir marre de voir les quatres murs de sa petite cellule d'isolation, cette grande pièce vide lui donnait la chair de poule. Il se sentait à la merci de tout et se sentait plus observé encore maintenant qu'il y avait clairement une caméra de surveillance braquée sur lui.
Il s'adossa contre le dossier de sa chaise, haletant légèrement et essaya de profiter de ce moment de calme pour tenter de percevoir quelque chose. Des sons. Il entendait par intermittence le bruit criard des portes de prisons qui s'ouvraient et se verrouillaient. Au moins, il y avait de la vie, du passage... Et si on l'avait mit ici, forcément quelqu'un finirait par passer cette porte. Le psychiatre ou un sous-fifre pour lui poser des questions et estimer sa santé mental. Peu importe l'intention de ces cinglés, il fallait qu'il trouve un moyen de se casser d'ici et s'il avait quelqu'un en face de lui, peut-être parviendrait-il à l'embobiner d'une manière ou d'une autre, le convaincre de le détacher...

Alors qu'il réfléchissait en fixant la porte, il était tellement convaincu de voir apparaitre un lunetteux en blouse blanche ou au moins un garde, il fut complètement prit au dépourvu lorsqu'il apparaitre sa petite soeur. Est-ce qu'il était encore sous l'influence d'une drogue ? Est-ce que ça faisait partit du test ? Il la fixa avec méfiance, persuadé de faire face à une machination jusqu'à ce qu'il sente ses bras autour de lui, son corps contre le sien. Non, c'était bien elle, elle était bien là.

- Lili... murmura-t-il faiblement, encore sous le choc, submergé par tout un tas de sentiments en même temps. Il avait envie de la serrer fort contre lui et ne pas la laisser partir mais ses mains étaient encore enfermées et enchainées à la table. Il dû se contenter du doux parfum de ses cheveux et de sa peau. Il réspira contre son cou et y déposa un baiser, cherchant ensuite à trouver ses lèvres avant qu'une voix les fit sursauter tout les deux et elle s'éloigna. Il sentit la rage monter en lui alors que son regard s'assombrit en regardant les caméras mais il ne voulu pas s'énerver devant sa petite soeur qui n'était déjà pas rassurée.

- Est-ce que je vais bien ?! répondit-il complètement incrédule. Si elle était là, après tout ce temps, elle devait bien savoir que quelque chose clochait. Liz' il faut que tu me fasse sortir d'ici ! grogna-t-il faiblement pour ne pas qu'on l'entende mais d'un ton qui lui indiquait clairement qu'il ne plaisantait pas.

En venant ici, elle avait fini par avoir les réponses à ses questions. Les raisons d’un tel isolement et pourquoi, pour l’heure, ils avaient été incapables de lui donner de date de retour. Elle ne s’était pas gêné pour faire une remarque, qu’elle aurait pu comprendre et qu’elle, elle n’avait rien à craindre de son propre frère. Et bien qu’elle avait eu envie de tuer tous ceux et celles qui l’avaient fait mourir à petit feu d’inquiétude, elle enferma ses penchants morbides pour uniquement se concentrer sur l’après. Elle allait le revoir et c’était tout ce qui comptait. Et lorsqu’enfin elle se retrouva dans la même pièce que lui, tout s’envola au profit du sentiment rassurant de ne pas être seule au monde. Il était là, bien là, et même si elle aurait préféré que cela se passe différemment, rien d’autre n’avait d’importance pour l’instant.

Son cœur se brisa de l’entendre lui demander de le faire sortir d’ici, de voir son visage et son regard. Son corps réagissant instinctivement, elle devait le faire sortir de là, c’était impératif.

"Tu sortiras bientôt" promit-elle sous le même ton de confidence que lui "je te le promets"

Et bien que cela lui était interdit, elle ne put s’empêcher de poser une main sur sa joue, à nouveau, on entendit gronder le haut-parleur et elle poussa un discret soupir résigné. Elle posa ses yeux sur la boite qui enfermait les mains de son frère avant de regarder droit vers les caméras.

"Je vous ai dit que ce n’était pas nécessaire !"

Aucune réponse cette fois. Elle reposa ses yeux sur son grand frère, esquissa un sourire qui se voulait rassurant avant de faire le tour de la table et de s’asseoir là où elle devait s’asseoir. Au fond, elle craignait que si elle restait trop proche de lui, on écourte sa visite. À défaut de pouvoir prendre ses mains, elle les posa sur ce qui les couvrait. D’autres larmes coulèrent sur ses joues en sentant toute la culpabilité l’étrangler. Il était en prison par sa faute et par conséquent, ceci l’était tout autant. Jusqu’à présent, Théodore n’avait jamais exprimé le désir de sortir, il faisait son temps et continuait de là où il était à tout faire pour protéger sa petite sœur... Et maintenant ? Même elle ne pouvait pas nier qu’il était au bord du gouffre et sur le point de devenir fou.

"Je vais te faire sortir..." Répéta-t-elle, la voix tremblante cette fois, mais bel et bien déterminée à obtenir la sortie anticipée de son frère.

Elle renifla, écarta ses mains de la boîte le temps d’effacer les larmes de son visage et de ses yeux.

"T’... Qu’est-ce qu’ils t’ont dit après le black-out ?"

Il semblait tellement perdu et en prison, il était aisé de deviner que les gardiens n’avaient pas forcément pris le temps d’essayer de faire comprendre ce qui s’était passer. Il semblait tellement aux abois et perdus. Elle reposa ses mains par-dessus la protection qui entourait celle de Théodore, son regard se posa sur les avants-bras de celui-ci. Elle étendit un peu ses doigts, effleurant sa peau à défaut de pouvoir réellement le toucher. Espérant qu’avec elle, il accepterait de l’écouter. Elle savait peu de chose de ce qui s’était déroulé ici depuis septembre, mais on l’avait mise en garde en arrivant.

Il voulait terriblement la croire, tout autant qu'il voulait sortir d'ici mais ses promesses ne le rassurèrent pas autant qu'il l'aurait voulu. Bien sûr qu'elle ne pouvait pas le faire sortir, après tout qui était elle face au gouvernement ? Au mieux elle pouvait faire un procès pour mauvais traitement mais ça coûterait de l'argent et du temps... Pendant une seconde il réfléchit à sa demande et pesa le pour et le contre pour elle. Est-ce qu'il avait vraiment envie de l'embêter pour ça ? De la tirer de sa petite vie parfaite pour qu'elle se batte pour son délinquant de frère ? Face à elle, les sévices qu'il avait pu subir dans sa cellule ne lui parurent plus si horrible. Si c'était le prix pour qu'elle puisse vivre en paix...

Il fut troublé par l'autorité qu'elle employa en s'adressant aux caméras et bien qu'il ne su mettre le doigt dessus tout de suite, son cerveau se mit en marche. Sa venue ici, son calme, sa façon de poser ses mains sur ses étranges menottes sans s'en affoler... C'était comme si... Elle savait quelque chose ? Il fronça les sourcils en la fixant, essayant de comprendre cette sensation troublante qui titillait l'arrière de son cerveau. Il ne prêta même pas attention à ses larmes. Quelque chose n'allait pas.

- Tu es au courant ? demanda-t-il à la fois suspicieux et dubitatif. C'est toi qui m'a inscrit dans un bail chelou ? Pourquoi ? Pour de la thune ?

"Inscrit dans ?"

Cette question la perturba mais c’était surtout cette lueur dans ce regard, il y avait des signes qui ne trompaient pas. Elle pouvait savoir quand elle risquait de le mettre en colère, quand elle commençait à frôler une limite à ne pas franchir et à travers cette question, elle avait l’impression d’avoir atteint ce moment précis sans pourtant comprendre à quel moment elle avait dit ou fait une bêtise. L’incompréhension se lisait dans ses yeux, pour de la thune ? De quoi parlait-il ?

"Ils t’ont fait des trucs ?" Demanda-t-elle alors doucement paniquée.

Elle avait lu des choses dans les journaux, pas nécessaire sur des expériences faites en prison, mais il y avait des associations qui commençait à naître et à gueuler contre l’Etat. L’inquiétude revenait au galop, elle ne savait pas combien de temps, il lui faudrait pour faire libérer son frère, mais il était certain qu’elle ferait tout pour que cela se fasse le plus rapidement possible maintenant qu’elle soupçonnait que celui-ci ait subi des expériences quelconque. Son cœur continuait à battre trop vite et trop fort et dans la panique, elle secoua la tête, répondant négativement à ses précédentes questions.

"J’ai rien fait" promit-elle. "Ca été le bordel après le black-out partout dans le monde... Je... J’osais plus sortir de chez nous et j’ai cru que j’étais la seule à n’avoir rien eue comme changement... Et j’arrivais pas à avoir des nouvelles de toi... J’ai fini par aller à l’hôpital, je voulais comprendre pourquoi moi, sur toute la planète, je n’avais pas changé, mais... J’ai aussi changé... Et... Et j’ai essayé de reprendre ma vie... J’ai continué à essayer d’avoir des nouvelles, mais on me disait que tu étais en isolement, que tu ne pouvais pas recevoir de lettre, ni de visite et personne me disait quand tu quitterais l’isolement, personne ne m’a dit les changements que toi, tu avais subi après le black-out…”

Comme toujours lorsqu’elle avait la sensation que son frère ne la croyait pas, elle prenait panique et lui disait tout, absolument tout. Incapable de se filtrer face à ses yeux perçant, elle comptait sur les doigts d’une seulement le nombre de fois où elle avait réussi à lui mentir et encore...Cela avait été un échec cuisant, car il ne finissait toujours pas connaître la vérité et elle finissait toujours par comprendre à quel point il était idiot et cruel de sa part de mentir à celui qui avait toujours veillé sur elle.

"Ils m’ont viré au resto à cause de ma capacité... Je... Je savais plus quoi faire... Et y a eu le gouvernement qui a commencé à me harceler pour que je bosse pour eux...Ma capacité à annuler toutes celles des autres serait unique... J’ai refusé au début, mais... Comme je n’avais toujours pas de nouvelle de toi... J’ai... Conclu un marché avec la MCA"

Elle baissa les yeux, ne sachant pas à quel point son frère lui en voudrait de s’être vendu auprès du gouvernement.

"J’ai négocié ta sortie et cette visite en échange de mes services... Je... Je pouvais plus rester sans savoir où tu étais et... Je ne pouvais pas passer à côté de l’occasion de te faire sortir d’ici... S’il te plaît T’, ne m’en veux pas.” Supplia-t-elle, craignant aussi que sa colère ne mette un terme beaucoup trop rapidement à leur entretien "Je veux que tu rentres à la maison..."

Bien que leur maison était l’appartement où ils avaient grandit, dans les pire quartier de la Nouvelle-Orléans. Que c’était là qu’ils avaient vu leur mère mourir, là qu’ils avaient subi les colères de leur père. Mais c’était tout ce qu’ils pouvaient s’offrir. Lili avait parfois ressenti le besoin de s’en aller, de partir de cet endroit affreux gorgé de violence, de drogue et de souvenir horrible, mais paradoxalement, c’était un endroit qu’elle connaissait bien, un terrain qui la rassurait.

Il s'apprêtait à exploser lorsqu'elle osa lui demander s'ils lui avaient fait quelque chose. Est-ce que ces putains de menottes mutantes n'étaient pas assez criardes pour elle ? Ou le fait qu'ils ne soient pas au parloir mais dans cette salle ?! Son regard bleu la fusilla sur place mais avant qu'il puisse lui dégueuler à la face à quel point elle pouvait être conne parfois, Lizbeth céda à la panique et se mit à parler et parler. Il ne comprenait rien de ce qu'elle disait et à vrai dire il n'essayait pas vraiment de comprendre. Elle avait beau dire qu'elle n'avait rien fait, sa façon qu'elle avait de se mettre à table criait le contraire. Mais malgré sa colère il capta des mots qui la changèrent rapidement en inquiétude.

- Attends, attends, attends... coupa-t-il en essayant de recoller les brides de phrases qu'il avait retenu dans tout son discours affolé. Tu t'es fais virée ?! Et t'es allée à l'hopital ?! Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu me l'as pas dit ! Et c'est quoi cette histoire de gouvernement ? C'est ça le deal que t'as passé avec eux ?! Me vendre comme genre de... rat de laboratoire ? C'est quoi ce bordel !

Il frappa violemment la table, manquant de peu de lui écraser les doigts de ses entraves.

- What the fuck Liz ! QU'EST-CE QUE T'AS FAIS ?!

Elle sursauta, virant rapidement ses mains de là juste avant qu’elle ne soit blessé. Son coeur tambourinait de peur et en cet instant, elle le haïssait plus qu’elle ne l’aimait. Elle détestait lorsqu’il était dans cet état, lorsqu’il lui faisait peur, lorsqu’il lui rappelait à quel point il pouvait ne faire qu’une bouchée d’elle. Elle essayait de le faire sortir d’ici et tout ce qu’elle récoltait c’était ça ? Sa colère ? Son ingratitude ? Pour une fois qu’elle pouvait lui rendre un service, pour une fois que c’était elle qui pouvait avoir quelque chose à offrir pour qu’il ait une meilleure vie, et il lui en voulait et lui criait dessus. Mais quelque chose clochait dans ces mots, dans ce discours, elle avait l’impression de parler, de lui expliquer mais que lui comprenait tout à fait autre chose. Fixant son frère, pétrifiée par la peur.

"C’est pas toi que j’ai vendu...C’est moi" souffla-t-elle d’une voix tremblante, ne trouvant que ça à lui répondre.

"Je t’en supplie, calme toi, ils vont me faire sortir si tu te calme pas..." implora-t-elle, craignant réellement cette possibilité.

Elle inspira profondément, posant une main contre sa poitrine pour tenter de calmer les battements cardiaque beaucoup trop rapide. Elle savait qu’elle ne risquait rien, au-delà des menottes étranges qui entravait les mains de son frère, en sa présence il lui serait incapable d’utiliser ses capacités de toute façon. Elle lui suppliait muettement de lui laisser quelques secondes pour se calmer, elle n’arriverait pas à parler si elle restait dans cet état et surtout, elle n’arriverait pas à se faire comprendre.

"Le monde entier a changé après le black-out...Tout le monde fait des trucs de dingue...Y en a qui n’arrive plus qu’à se nourrir que de sang, comme des vampires...J’ai croisé une nana qui est un tazer sur patte, tu peux pas la toucher sans finir assommer par un courant électrique...Toi tu peux faire exploser des trucs avec tes mains et moi...Moi je suis juste" elle chercha le mot "Disons que quand on est près de moi, on redevient humain...C’est pour ça que ces menottes étaient inutile"

Elle essuya à nouveau ses yeux.

"Et une capacité comme la mienne...Ca interesse les mecs du gouvernement et leur nouvelle police pour mutant, la Mutant Control Agency...J’ai accepté de travailler pour eux uniquement s’ils te libéraient..."

Elle espérant qu’en reprenant plus calmement ce qu’elle venait déjà d’expliquer sous le coup de la panique, cela serait plus facile pour son frère de comprendre et peut-être qu’il se calmerait. Qu’il cesserait de croire qu’elle l’avait lâchement vendu. Jamais elle n’en serait capable.

"Je...Je sais que j’aurai du t’en parler avant mais...J’avais beau appeler pour pouvoir te voir et avoir de tes nouvelles, la prison refusait...J’ai réussi à avoir cette visite uniquement parce que la MCA a accepté mes demandes. Je savais plus quoi faire...C’est la jungle dehors..."

Et concrètement, elle n’avait jamais eu besoin de se défendre, son frère l’avait toujours fait pour elle et aujourd’hui plus que jamais elle avait ressenti le besoin d’avoir sa protection.

- QUOI ?! rugit-il de plus belle lorsqu'elle lui dit que ce n'était pas lui mais elle même qu'elle avait vendu. C'était de pire en pire. Il était si en colère qu'il aurait pu la gifler mais bien sûr, il ne ferait jamais de mal à sa précieuse petite soeur. D'ordinaire il se serait défoulé sur le premier venu à la place mais malheureusement il n'y avait qu'elle dans la pièce et il était toujours enchainé à cette putain de table. Il la regarda essayer de se calmer et malgré lui, il se calma lui aussi. Il détestait quand elle faisait ça, quand elle agissait comme si elle avait peur de lui, comme s'il avait s'agit de leur père en face d'elle, alors qu'il avait toujours été la pour la protéger. Il se força à se rasseoir et a attendre qu'elle se sente mieux. Cette fois, il écouta plus attentivement pour mieux comprendre dans quel pétrin elle s'était fourré afin de savoir comment la sortir de là.
Mais ce ne fut pas une mince affaire. Il s'efforçait de la croire mais rien de ce qu'elle disait n'avait de sens. Elle semblait complètement délirer et pourtant, lorsqu'elle parla d'explosions... Et cette histoire de Black-Out finalement...

-Attends, attends, attends... dit-il avec un petit rire incrédule, l'air soudainement détendu et même amusé. T'es en train de me dire... Que j'ai des super pouvoirs ? Que c'est moi qui cause c'est putain d'explosions ? Il pouffa, mais il était criant qu'en réalité, la colère bouillonnait juste sous la surface. Mais qu'eeeest-ce qui t'ont fait fumé Lili ? murmura-t-il avec une douceur glaciale.

- Ces gens sont en train de m'utiliser comme rat de laboratoire ! siffla-t-il avec colère en la fusillant du regard pour la faire revenir sur Terre. Ils essayent de me rendre dingue et clairement ils ont réussi avec toi ! Il faut qu'on sorte d'ici !

Devant l’incrédulité de son frère, elle se sentait complètement démuni. Son regard se porta une minute vers les caméras, ils avaient sérieusement laisser son frère dans l’ignorance ? Du moins, c’était la conclusion qu’elle en tirait alors que de toute évidence, il ne la croyait pas et s’imaginait qu’ils avaient tous les deux été choisi pour une expérience cruelle. Cela aurait pu être vrai et de bien des manières, Lili aurait probablement préféré cette version mais ce n’était pas le cas. Elle détourna son regard de la caméra, cessant de reprocher muettement cette situation à la prison. C’était fait, elle ne pouvait pas changer le passé mais elle pouvait essayer de lui apprendre la vérité.

"C’est exactement ce que je suis en train de te dire T’...Tu as des super pouvoir, j’en ai, toute ces putains de prisons en a et les 7 milliards de gens sur la planète en ont un." dit-elle avec le plus grand des sérieux.

Mais elle savait que l’affirmer ne suffirait pas. Alors elle se leva, il lui fallait une preuve. L’ennuie étant, qu’elle était très loin de pouvoir la lui fournir en étant dans la même pièce que lui. A côté d’elle, ce qu’elle disait passait effectivement pour des mensonges.

"Je t’ai écris chaque semaine"

Dit-elle en sortant les fameuses lettre de la poche intérieur de sa veste. Elle les avait réclamé, à la base pour prouver à son frère qu’elle ne l’avait pas oublié mais maintenant, cela aiderait peut-être à prouver qu’elle n’inventait rien. Elle fit défilait les enveloppe, commençant par la plus ancienne. Elle portait le cachet de la poste et celui de la prison, tous deux datés respectivement du 8 et du 9 septembre. Elle déplia la feuille qu’elle plaça ensuite sous les yeux de son frère. Elle aurait aimé lui faire la lecture mais l’idée qu’elle soit écouter la mettait mal à l’aise et d’ailleurs, elle ne put s’empêcher de se frotter le bout du nez en y pensant.

Cette première lettre raconte le cauchemar qu’avait vécu Lili durant le blackout, la sensation de vertige, son évanouissement, son réveil, l’enfer sur son lieu de travail avec cette voiture encastrée dans le restaurant et ce type qu’elle avait vu manger les entrailles d’un autre comme si c’était un zombie. Elle racontait qu’elle avait couru aussi vite que possible. Qu’elle avait essayé d’appeler la prison, qu’elle osait pas sortir de chez eux. Qu’elle lui écrivait avant tout pour pouvoir garder son calme, qu’elle pensait être devenue folle, elle lui demandait de l’aide tout en sachant que de là où il se trouvait, il ne pourrait pas l’aider. Alors qu’il lisait cette première lettre, Lili ouvrait la seconde, la déplia et attendit un peu avant de la mettre à côté de la première. Celle-ci était dater d’une semaine plus tard.

Elle plaisantait au départ, sur le fait que le monde entier était devenu des super hero et elle demandait à son frère quel super pouvoir il avait eut ? Elle lui racontait qu’elle n’était pas devenue Kitty Pride comme le personnage de x men qu’elle préférait, qu'elle ne pourra pas dévaliser des banques pour eux comme elle se l'était imaginer enfant, non, au lieu de ça, elle n’était rien...La lettre changeait de ton et racontait alors son angoisse d’être la seule personne sur toute la planète à être sans aucun super pouvoir, elle avait peur, peur des autres et c’était amplement justifier lorsqu’on croyait ne pas pouvoir se défendre face à des mutants, des garous, des vampires, des sorciers.

Elle ouvrait la troisième lettre, elle-même daté et cacheté d’une semaine après...Cette fois, elle racontait ce qu’elle venait de raconter à haute voix, l’hopital, la découverte de sa capacité et l’arrivée du gouvernement dans sa vie. Son refus, son désir de ne pas le trahir en travaillant pour ceux qui l’avait mit en prison. Pour ceux qui en avait toujours eu rien à foutre d’eux après l’ouragan Katerina.

La dernière lettre suivit rapidement, son désespoir de n’avoir aucune nouvelle, lui implorant de lui répondre, de lui dire qu’il allait bien, qu’il était en vie. Elle lui racontait avoir perdu son boulot, ne plus savoir quoi faire. L’isolement qu’elle subissait à présent que tout le monde savait. Même au sein de leur immeuble on cherchait à la mettre dehors à cause de ses dons et si le meilleur ami de Théodore ne s’en était pas mêler, elle serait probablement à la rue aujourd’hui.
Laissant à son frère tout le temps pour lire et digérer les différentes informations, elle fixa celui-ci.

"Un agent de la MCA est revenu il y a un jour...Avec la même proposition...Je m’inquiétais toujours pour toi, je n’avais vraiment aucune nouvelle de toi alors...J’ai conclu ce marché avec eux, je travaillais pour eux à la condition que je puisse venir te voir aujourd’hui et qu’ils te sortent de prison." Répéta-t-elle une dernière fois, calmement.

Il était terriblement scindé entre l'envie d'éclater de rire et celle de hurler à l'idée que sa soeur ait pu autant perdre la tête. Nan mais dans quelle planète avaient-ils attéris ? Il n'avait pas encore décidé de comment réagir lorsqu'elle lui débala ses lettre. Une part de lui fut touché et heureux d'en voir plusieurs. Avec tout le bordel dans lequel il avait été plongé, il n'avait même pas eu le temps de s'inquiéter de ne pas recevoir de lettres ou de visites car clairement les règles habituelles avaient soudain cessé d'être appliquées. Mais maintenant il était rassuré de savoir que même s'il ne les avait pas reçues, sa petite soeur avait continué de lui écrire sans faillir.
La curiosité le poussa à se pencher un peu plus sur leur contenu. Lire ses lettres avaient toujours été un des meilleurs moment de sa journée et d'ailleurs, il ne se lassait pas de les lire et les relire même si elles dataient. Il adorait son écriture propre et soignée et cette façon élégante qu'elle avait de former des phrases à l'écrit. C'était presque comme des poèmes parfois, des belles histoires. Mais celles-ci racontaient une histoire qui se fit de plus en plus sombre et emporté par sa lecture, son regard s'assombrit aussi. Il n'était pas encore certain de pouvoir la croire, c'était tellement absurde, mais une chose était sûre c'est qu'elle y croyait. Et c'était suffisant pour qu'il s'en préoccupe. Il releva ses yeux bleux vers elle.

- Donc... Si tu travailles pour eux. Ils me font sortir ? répéta-t-il en ayant encore du mal à y croire, mais de tout ce que Lizbeth avait pu raconter, ça restait le plus crédible. Qu'est-ce qu'ils te demandent de faire ? Rien de dangereux ou de louche au moins ? Et ils te paient, hein ? demanda-t-il d'un ton pressant et protecteur, loin d'estimer que sa libération soit compensation suffisante pour une quelconque exploitation de sa précieuse petite soeur.

L’air qu’elle avait bloqué dans ses poumons tout le long de la lecture s’échappa de ceux-ci lorsqu’il releva les yeux sur elle et qu’il reprit la parole. Il semblait enfin la croire et c’était tout ce qui comptait à présent. Elle acquiesça à cette première question. Oui, c’était exactement ce qu’elle avait demander. Elle travaillait pour eux, à condition que son frère soit libéré de prison.

"Je supporte plus de te savoir ici" Admit-elle, car c’était un constant rappel de ce qu’il était prêt à faire pour elle.

Devant ses autres questions, elle se rapprocha à nouveau de lui, reposant ses mains sur ses étranges menottes. Maudissant quelque peu leur présence aussi superflu qu’inutile. Elle attendit quelque seconde, presque certaine qu’on les rappelerait à l’ordre concernant les contacts mais rien ne vint alors elle étendit à nouveau ses doigts et effleurer la peau de son poignet. Plongeant ses yeux dans ceux de son frère, l’unique héritage laissé par leur toxicoman de mère et l’unique point commun physique qu’ils avaient tous les deux garder. Lorsqu’on y réfléchissait un peu, les cheveux si blond et la peau si pâle de Lizbeth pouvait aisément laisser penser qu’elle n’avait qu’une moitié de patrimoine génétique commun avec son frère mais ni l’un ni l’autre ne s’était jamais posé la question. Demi soeur, demi frère, frère ou soeur...Ca n’avait plus vraiment valeur pour eux depuis très longtemps.

"Juste être présente..." Dit-elle assez simplement "J’aurai une formation plus poussée en psychologie criminologique aussi..." son frère n’étant pas sans savoir qu’il tentait désespérément d’avoir un diplome dans cette matière, bien qu’elle n’avait pas vraiment viser la criminologie directement même si c’était l’un de ses plus fort intérêt. "Je serai payé oui, beaucoup plus qu’en tant que serveuse...Je ne serai jamais laisser seule avec un criminel...Ce sera juste un peu...Comme maintenant je suppose. Je serai dans une pièce, je pourrai observer, écouter, étudier, peut-être parfois poser des questions mais en réalité...Ils ont surtout besoin de mes capacités et pour ça, ma présence suffit."

A dire vrai, elle ignorait encore les détails de ce nouvel emploi, elle n’avait pas tant poser de question dès l’instant où elle avait la certitude qu’on libèrerait son frère de prison et qu’elle travaillerait en présence de Christopher. Elle serait entre de bonne main pour sa formation et l’obtention de son diplôme.

"Tu vas bientôt rentrer chez nous"

Dans son inquiétude pour elle, il fut distrait par sa discrète caresse sur son poignet. Elle savait toujours comment le rassurer et l'apaiser. Il laissa son regard bleu flotter sur ses doigts fin avant de relever les yeux vers elle. Il savait qu'elle étudiait en psychologie mais il n'aimait pas le ton que donnait le mot "criminologie". Elle avait beau faire partie des "gentils", il aurait préféré la savoir serveuse à vivre une petite vie tranquille, plutôt que trainer avec des criminels. Ce n'était pas pour qu'elle le suive qu'il trempait là dedans. Elle s'efforça de le rassurer avec des détails mais comme souvent cela ne faisait que lui donner l'impression qu'elle avait des choses à cacher. Il ne le lui repprocha pas tout de suite, touché par ses dernières parole. "Chez nous".

Il se fichait bien du vieil appart pourri dans lequel ils avaient croupis toute leur vie, mais pour lui, "chez nous" signifiait quelque chose de plus impotant encore. Quelque chose comme ce qu'ils avaient en cet instant, lui et elle, à parler et partager leurs vies et leurs sentiments. Il n'y aurait simplement pas de chaines et il serait libre de la serrer contre lui pour lui tenir chaud et lui assurer qu'il serait toujours là pour la protéger. "Chez nous". Ces simples mots firent s'agiter en lui un désir de quitter cette satanée prison alors qu'avant ça, ça ne le dérangeait pas tant que ça. Mais il sentait que sa petite soeur avait besoin de lui maintenant et pas derrière des barreaux.

- D'accord. finit-il par dire sérieusement. Je rentrerais à la maison et je veillerais sur toi. Tu sais que je suis toujours là pour toi Lili ? lui promit-il avec amour. Il avait tellement envie de lui prendre les mains, de la rassurer d'un baiser. Mais il ne pourrait rien faire de tout ça avant de se débarrasser de ces chaines. Son esprit revint une seconde sur leur précédent sujet. Est-ce qu'il était vraiment capable de créer des explosions ?

Son visage s’illumina d’un discret sourire sincère lorsqu’il accepta enfin sérieusement ce qu’elle venait de lui exposer. Resserrant ses doigts autour de ses poignets. Une part enfui d’elle tentait de lui faire savoir à quel point ce qu’elle venait de faire était une erreur et que son frère devrait rester en prison loin d’elle mais une autre part, la plus forte des deux, était rassuré à l’idée de l’avoir à nouveau près d’elle dans un monde où elle pouvait encore moins se défendre qu’avant. Mettant en sourdine la part la plus censé d’elle et sa haine pour son frère pour ne laisser transparaître que l’autre partie façonné par des années de relations où son frère lui avait amplement prouvé qu’il était le seul en qui elle pouvait avoir véritablement confiance.

"Et je serai toujours là" promit-elle à son tour.

Elle le devait, sa mémoire encore très profondément marqué par les coups de son père claquant la chair de son grand frère. Sous ses yeux d’enfants, les images étaient imprimer au fer rouge dans son esprit et lorsqu’elle avait l’audace d’oublier, un coup d’oeil sur les marques que ça avait laisser sur Theodore suffisait à ramener tout cela dans sa tête. Il l’avait protégé, il l’avait toujours fait et il le ferait toujours. Quelle genre de personne serait-elle si elle le laissait tomber ?
En observant le visage de son frère et la direction de son regard, elle caressa à nouveau sa peau pour réattirer son attention sur elle.

"T’...Tu dois me promettre de te tenir à carreau jusque-là d’accord ?" Demanda-t-elle avec douceur, se doutant que s’il la croyait maintenant, il chercherait peut-être a expérimenté la véracité des faits. "Ca peut prendre une semaine avant qu’il te fasse sortir d’ici, je ferai en sorte que ça prenne le moins de temps possible mais en attendant, nous avons besoin de jouer le jeu d’accord ?"

Elle regarda à nouveau les caméras, soupira un peu plus. Elle se sentait épié, frustré et même un peu jugé sans avoir besoin de voir ceux et celles qui se trouvaient derrière les écrans. Ses yeux bleus se posèrent à nouveau sur son frère, elle avait envie de refaire le tour de la table, juste le prendre dans ses bras. Ces dernières semaines avaient été longue et fatigante et à présent, un poid énorme quittait ses épaules. Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes devant l’émotion alors qu’elle se rendait compte que tout ça était presque derrière elle. Elle baissa les yeux sur la table, les gouttes d’eau salé s’échouant sur celle-ci.

"J’ai cru que tu avais été tué pendant le black-out...Tellement de gens sont mort...J’ai cru...Personne voulait rien me dire...J’en devenais dingue..."

Il était paradoxale de vouloir souhaiter la mort de quelqu’un autant qu’elle ne voulait pas avoir vivre cette perte mais ses sentiments pour l’homme qui lui faisait face avait toujours été qu’un long paradoxe tortueux.

Il lui sourit tendrement en sentant son coeur battre et réchauffer sa poitrine. Elle était si belle. La simple vue de son visage angélique lui évoquait un sentiment d'appartenance, de sécurité et d'amour. C'était elle qui faisait que son monde tournait rond.

Il eut un petit rire lorsqu'elle lui demanda d'être sage.
- Tu rigoles ? Je vais pas me laisser faire, encore moins si je peux leur exploser la tronche ! railla-t-il sans se soucier une seule seconde qu'on les écoutait. Bien qu'il savait maintenant que Lizbeth avait fait un deal pour le sortir de là, ce qu'il retenait de leur conversation était surtout qu'elle voulait qu'il sorte. Et s'il avait l'occasion de s'évader, il sauterait dessus sans hésiter une seule seconde pour pouvoir être près d'elle.

Mais, il diminua un peu son insolence en voyant ses beaux yeux bleus se remplirent de larme.
- Hey... Non... Ne pleure pas... murmura-t-il avec la douceur d'un grand frère inquiet. Il avait tellement envie d'essuyer ses larmes mais il ne pu que la regarder, impuissant.
- Personne ne peut me tuer. Je ne laisserais personne m'empêcher d'être là pour toi. Lili, regarde moi. Ton grand frère sera toujours là pour toi, tu le sais ça. Tu le sais, hein ?

Il y avait des moments comme celui-ci où elle pouvait aisément reconnaître son frère, celui qu’elle aimait, celui qui avait toujours été là pour elle et qui ne pensait qu’à son bien. Sa voix, sa façon de la regarder aussi inquiet qu’à l’instant, ces instants là lui faisait oublier à quel point il pouvait parfois être horrible, à quel point il pouvait être instable. Elle avait tellement envie de le croire lorsqu’il lui disait que personne pouvait le tuer et en même temps, cette idée l’effrayait quelque part au fond d’elle mais pour l’instant, c’était son frère qu’elle avait sous les yeux et non l’homme instable.

"Je le sais"

Murmura-t-elle avec douceur, essuyant doucement ses yeux rougis, elle tenta de lui sourire et de trouver dans les iris qu’ils partageaient la force de pouvoir se rassurer. Bientôt il ne serait plus entre ses murs tristes, il serait de retour et rapidement, cette idée éveillé une autre crainte en elle. Elle avait peu de personne dans son entourage, pas vraiment d’amis d’ailleurs mais en repensant à comment s’était terminé son contrat de travail dans le restaurant et à comment les matons de cette prison l’avait accueillit, elle craignait que son frère les rejoigne.

"T’...Lorsque nous serons de nouveau ensemble, j’aimerais que tu me promettes de ne pas m’en vouloir pour...Mes capacités..." demanda-t-elle, sa voix similaire à la gamine qu’elle était toujours face à lui.

Elle regarda ses propres mains, essayant parfois de ressentir cette chose en elle et pourtant incapable de l’identifier. C’était comme un cheveux qui pousse, c’est présent, ça à lieu, mais c’était humainement impossible de le ressentir. Ses dons étaient là, présent, mais elle était incapable de ressentir leur présence.

"Je...Je suis pas capable de le désactiver...Dès qu’on est près de moi, ça suffit à bloquer les super pouvoir. Cole m’a viré parce qu’il recevait plainte...J’ai bien vu comment les gardiens étaient mal à l’aise près de moi tout à l’heure..."

Parce qu’elle connaissait très bien les effets de la frustration sur son frère, elle craignait que sa capacité à inhiber les dons ne lui retombe lourdement dessus comme un reproche et une excuse pour se montrer odieux avec elle.

Son visage se crispa d'incompréhension, d'amusement et d'un poil de colère lorsqu'elle lui demanda de ne pas lui en vouloir.

- Pff quoi ? pouffa-t-il en la regardant. Ces histoires de pouvoirs lui parraissaient encore tellement irréel qu'il avait l'impression qu'il se moquait d'elle. Tu sais quoi, la première chose que je vais faire en sortant d'ici c'est de lui défoncer la gueule à Cole. dit-il avec un sérieux glacial. Qu'il ait vraiment une raison de se plaindre.Et cette histoire de "capacités" ? Qu'est-ce qu'on en a a foutre. Tant qu'on est ensemble.

Elle ne pouvait s’empêcher de rire devant la réaction franche de son frère. Cela ne lui assurait pas qu’une fois qu’il aurait réellement pu tester ses propres dons il ne lui en voudrait pas de les lui ôter dès qu’elle se retrouvera dans la même pièce que lui mais elle appréciait l’idée d’avoir une petite vengeance vis à vis de Cole. Loin de se moquer de son frère, elle appréciait en réalité de savoir qu’elle pourrait obtenir une vengeance envers celui qui l’avait mise à la porte pour aucune raison valable si ce n’est qu’il se sentait plus faible en sa présence.

"Merci" dit-elle envers son frère, elle n’était pas du genre violente directement, son frère l’avait bien assez protégée pour qu’elle n’ait pas à donner des coups mais ce monde était malgré tout le sien et oui, elle considérait que son ancien patron méritait effectivement une correction.

"Ce connard m’a fait formé ma propre remplaçante avant de me mettre à la porte"

En un instant, cette visite était devenue comme toute les précédentes, un moment où elle pouvait partager des tranches de sa vie. Malgré ses yeux encore rougis par ses émotions précédentes, elle retrouvait son sourire, essayant de faire fi du lieu où ils se trouvaient, des caméras.

"Elle s’appelle Grace, c’est elle le taser humain" lui expliqua-t-elle "genre, tu peux pas la toucher sans te retrouvrer assommé"

Elle ne détestait pas cette fille, même si elle lui avait prit sa place techniquement, elle savait que ce n’était pas directement sa faute. Comme pour beaucoup d’autre, elle enviait un peu cette capacité. Lizbeth aurait tellement préféré recevoir une capacité plus offensive et pas aussi passive. Même si elle pouvait annuler des dons, elle se sentait malgré tout en danger dans un monde où certains pouvaient se changer en tigre féroce et d’autres pouvait envoyer des boules de feu.

"Je crois que la seule personne que mes dons gênaient vraiment, c’est Cole...Il doit bien trop kiffer de se sentir avec des super pouvoirs...D’ailleurs, je sais même pas ce que c’est." Une lumière éclaira son regard lorsqu’un nouveau sujet de conversation lui vint en tête "Tu sais que le gouvernement s’est amusé à classer tout ça ? Je suis dans la catégorie Seer et toi...Tu es dans la catégorie Warlock"

Il tiqua de la langue en secouant la tête. Cole avait clairement oublié à qui il avait affaire. Il hésitait entre directement passer un coup de fil à l'extérieur pour le lui rappeler dès aujourd'hui ou garder ça pour quand il serait sortit. Il haussa un sourcil en entendant Lizbeth lui décrire sa remplaçante. Est-ce qu'elle méritait une correction elle aussi ? Il ria en imaginant à quoi pouvait ressembler un taser vivant.

- Vraiment ? Au moins personne ne risque de lui mettre une main au cul. railla-t-il. Peu importe à quel point Lizbeth lui avait assuré que c'était faux, il avait toujours le jugement facile pour les hommes qui l'entouraient. Plus encore depuis l'histoire qui l'avait envoyé en taule.

Sa curiosité fut piquée quand Lizbeth lui parla un peu plus de ces histoires de super pouvoirs. Même si elle disait mal vivre le sien, il pouvait sentir que cela l'intéressait.

- Seer et Warlock hein ? Pfff n'importe quoi... Il faut toujours qu'ils trouvent des jolis mots pour tout classer dans leurs petits papiers. Finalement, il n'était pas si loin de la vérité en imaginant un scientifique prenant des notes pendant qu'il pétait un cable en cellule. Ils l'avaient déjà catégorisé.

- Et les autres ? Ils peuvent faire quoi ? demanda-t-il avec intérêt plus que curiosité. Si cette histoire était vraiment vrai, cela changeaient grandement les règles du jeu. Il essayait d'imaginer tout les taulards avoir des pouvoirs et il se demandait bien comment cela se faisait que ce bâtiment tenait encore debout.

"Pourtant, ce n'est pas l’envie qui lui manque" dit-elle dans un élan de putasserie. Même si elle n’était pas bien méchante et qu’elle ne méritait pas cela, c’était sortit tout seul. Peut-être qu’au fond, elle lui en voulait un petit peu.

Le plaisir de retrouver son verre pour des conversations comme celle-ci venait réchauffer son coeur. Ces dernières semaines lui avaient donné l’impression d’être si seule et mon dieu, qu’elle ne supportait pas la solitude. Elle avait besoin de ça, besoin d’exister dans le regard de quelqu’un, besoin de discuter. Elle eut un nouveau rire en acquiesçant aux paroles de son frère, il ne pouvait pas plus avoir raison, le gouvernement avait besoin de tout contrôler, de tout lister, c’était comme ça. Ça facilitait certainement le tri pour savoir qui pouvait leur être utile. Si elle n’était pas allée à l’hôpital, elle n’aurait jamais été mise sur le registre et jamais la MCA n’aurait sonner à la porte.

Mais au fond, regrettait-elle réellement ? C’était bien pour cette raison qu’elle avait à présent le pouvoir de faire sortir son frère et c’était bien pour cette raison qu’elle avait pu revoir son mentor et que bientôt, elle travaillerait à ses côtés. Elle s’accouda d’un bras à la table, gardant l’autre tendue pour distraitement caresser l’avant-bras de son frère pendant qu’elle discutait.

"Y en a qui on est des noms pas du tout sexy...Le premier gars que j’ai croisé à mon réveil, celui que je décris comme un zombie dans ma lettre, lui, on appelle ça une Ghoul. Bien que je crois que les Ghoul meurent au soleil..." Elle eut un petit sourire mutin en regardant son frère "On a donc les ghoul qui sont en gros, des genres de vampires... Mais à l’ancienne, pas ces trucs de Twilight. Il y a les Beasts, eux c’est plutôt des genre de loup-garou ou metamorphe. Ils prennent la forme d’un animal, j’ai croisé un tigre une fois en allant poster une des lettres."

Il était clair que la jeune femme s’était plutôt bien renseignée depuis le black-out. Elle avait toujours été de nature curieuse et quelque part, dans sa quête d’accepter ses propres capacités, elle avait cherché à savoir ce qu’elle aurait pu être d’autre. Quel genre d’animal elle aurait été si elle avait un beast par exemple ? Aurait-elle supporté de se nourrir exclusivement de sang ?

"Il y a les Riven...J’avoue que je n'ai pas bien compris leur truc à eux. Ils ont un animal de compagnie, y a un délire comme quoi cet animal serait l’âme de son propriétaire... C’est un peu nul je trouve” son jugement étant surtout nourri par le fait qu’elle aurait elle-même souhaiter obtenir un pouvoir autrement plus offensif.

"Ensuite, il y a les titans... Leur pouvoir est lié à leur corps. Genre... Hulk ou Luke Cage !" il était plutôt compliqué de vraiment comprendre tout les tenant et aboutissant de ces catégories car parfois cela tenait à pas-grand-chose pour être catégorisé de tel ou tel manière. Et puis elle ne voulait pas assommer son frère des explications trop technique qu’elle avait pu lire.

"Il y a les personnes comme toi, les Warlock. Ce sont des pouvoirs liés à la nature au sens large... Modifier un élément, contrôler un élément... Ce genre de truc. Et enfin, il y a les Seer... Tout se passe dans la tête, pouvoir psychique. J’aurais préféré pouvoir déplacer des trucs par la pensée, mais non, je suis juste inhibiteur de pouvoir"

Haussant les épaules pour laisser croire que cela n’avait pas d’importance, cela avait en réalité eut beaucoup d’impact pour elle.

"Ca rend les comics beaucoup moins intéressant maintenant" nota-t-elle "oh ! Et visiblement, les enfants n’ont pas de pouvoir, ça se réveille vers 14 ou 15 ans. Y a des associations dehors, des camps aussi pour apprendre à les maitriser, mais ça ressemble surtout à une manière bien déguisée de pouvoir étudier ça de plus près."

Il riait avec elle en buvant ses paroles. Même si ce qu'elle racontait était sensé être vrai, il ne pouvait s'empêcher de s'émerveiller comme il l'avait toujours fait devant sa créativité et son imagination. Depuis toute petite, c'est comme si elle pouvait voir des choses tellement plus belles dans le monde comparé à lui. Comme si elle avait une vision magique. Et il avait toujours adoré pouvoir observer ce monde à travers ses yeux. Bien qu'il avait posé la question en ayant l'intention de se faire une meilleure idée de ce qui l'attendrait dehors, il fut très rapidement distrait par ses sourires et ses petites caresses.

- Inhibiteur de pouvoir hein ? releva-t-il réellement pour la première fois. Il était difficile d'en comprendre toutes les implications mais il n'eut pas besoin de réfléchir pour répondre. C'est bien ça. Au moins personne ne peut t'embêter. Ca allait dans son sens et il était rassuré que même si le monde partait en couille, au moins sa petite soeur en était préservée.

Il s'adossa sur sa chaise pour prendre un peu le temps d'avaler tout ça. Je comprends mieux pourquoi ils m'ont enfermé et isolé. dit-il avec un petit rictus insolent. Mais ils pourront pas me garder bien longtemps. Si ce que tu dis est vrai et je suis une bombe-humaine... son sourire s'élargit, excité à l'idée que cela puisse être vrai. Il se ferait un plaisir de transformer cette prison en un tas de ruines.